Rencontres Quel avenir pour la fleur coupée française ?
Pari réussi pour les premières Rencontres de la fleur française le 16 novembre 2020. Elles ont rassemblé près de 300 professionnels pour échanger sur les leviers d’action afin de développer le circuit court sur le marché de la fleur coupée.
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Initialement prévue le 5 octobre, jour symbolique de la Sainte Fleur, les Rencontres de la fleur française se sont finalement déroulées - à distance - le 16 novembre 2020.
Une rapide introduction d’Hortense Harang et Chloé Rossignol, les initiatrices de cette journée et co-fondatrices de Fleurs d’Ici*, a permis de poser le cadre de cette journée structurée en 4 tables rondes.
Fleur de France : un manque d’information
La première thématique a ciblé la relation client : la fleur « made in France » peut-elle être un argument de poids pour les fidéliser ? Le label Fleur de France a été mis en avant. Mais si les clients sont de plus en plus sensibles à l’argument du produit français, ce label semble peu valorisé pour la fleur coupée. Privilégier l’achat français n’est pas vraiment une question de surcoût, car il s’agit le plus souvent de faire un cadeau. C’est un manque d’accès à l’information et surtout le fait que seuls 5 à 10 % des fleurs coupées vendues sur notre territoire sont issues d’une production française (100 millions d’euros sur une consommation globale de végétaux en France estimée à 2,8 milliards). Une proportion liée au faible nombre de producteurs de fleurs coupées - 450 à 500 entreprises, essentiellement de petite taille- et au fonctionnement du marché.
Les grossistes privilégient les quantités, les prix, la diversité toute l’année et la demande, sans forcément se préoccuper de la saisonnalité et de la nationalité des fleurs.
Une première table ronde un peu « policée », avec Marie Levaux, présidente de la FNPHP, Ron Jeronimus manager marketing à l’office hollandais des fleurs et Maxime François, dirigeant de Fleurassistance.
Le e-commerce passera à près de 30 % d’ici 2027
Le deuxième sujet portait sur le e-commerce chez les fleuristes indépendants, en s’appuyant sur les témoignages de Perrine Xavier, fleuriste à Lyon ; de Mathieu Hourdin en charge de la logistique au sein de Fleurs d’Ici, et de Khadija Améji, de Shopify France, plateforme qui permet de créer une boutique en ligne.
Avec les confinements, le e-commerce a explosé, mais la fleur coupée ne représente que 3% du marché. Cependant, on estime qu’il passera à près de 30 % d’ici 2027.
Si l’offre en ligne pour ce secteur est principalement le fait d’entreprises qui ne vendent qu’en ligne (les « pure player »), de plus en plus d’artisans s’y mettent, en complément de la vente en magasin. Outre l’appropriation des outils digitaux, la principale difficulté pour les fleuristes, concerne la logistique.
Les arguments production vertueuse, fraîcheur réactivité et saisonnalité
La troisième table ronde s’est interrogée sur la question : « Comment faire de la fleur française un produit d’exception ? » avec Mikaël Mercier, président de Val’hor, Dominique Boutillon, présidente du conseil spécialisé « productions végétales spéciales » de France Agrimer et horticultrice en Haute-Garonne, et Hélène Taquet, co fondatrice du Collectif de la Fleur Française et horticultrice dans le Cambrésis.
Le problème du marché de la fleur coupée est lié au fait qu’il concerne un produit peu volumineux et peu pondéreux, ce qui rend facile la mondialisation des échanges et son importation depuis des pays où les coûts de productions sont faibles.
L’une des pistes jugée pertinente pour valoriser la production française est de miser sur la distribution locale, en mettant en avant non seulement l’argument produit français, mais aussi la production vertueuse, la fraîcheur, la réactivité et la saisonnalité.
L’autre axe : développer des productions spécialisées peu courantes, comme par exemple la pivoine qui se développe dans le Midi et rencontre un certain succès.
La journée s’est terminée sur les perspectives de production en circuit court de fleurs coupées sur des friches urbaines, avec l’exemple du projet mené en Seine-Saint-Denis par l’association d’insertion Halage, accompagnée par l’observatoire départemental de la biodiversité urbaine et soutenu par la région Ile de France.
Yaël Haddad* L’entreprise Fleurs d’Ici est une émanation française du mouvement Slow Flower qui a développé depuis 2017 une plateforme digitale mettant en relation horticulteurs locaux et fleuristes indépendants pour des bouquets de fleurs locales et de saison.
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